jacquesbousquet

Le monument pour les soldats morts en A.F.N.

a été inauguré le 27 octobre 2009

Source : Le Midi Libre

Dans le région, l'Hérault est le seul département à ne pas avoir un mémorial pour ses militaires tombés en Afrique du Nord Le projet d'un monument à la mémoire des militaires héraultais morts en Algérie, Tunisie et Maroc, entre 1952 et 1962, devrait aboutir bientôt. Depuis dix ans, le Montpelliérain Jacques Bousquet, 73 ans, mène ce combat du souvenir. « Près de trois millions de militaires ont participé à la seule guerre d'Algérie, avec un contingent permanent d'environ 500 000 personnes pendant huit ans, près de 28 000 morts »,rappelle-t-il.

C'est dire toutes les familles concernées par cette guerre, combien elle a marqué toute une génération et au-delà. « Plus de la moitié des départements français ont un monument commémoratif. J'ai voulu combler cette lacune dans l'Hérault », explique d'une voix émue celui qui fut simple soldat appelé dans les Aurès, de 1959 à 1961, aujourd'hui membre de la commission Mémoire du conseil départemental des anciens combattants.

En 1998, Jacques Bousquet a fondé l'Association du Mémorial héraultais AFN, qu'il préside toujours. Celle-ci rassemble les principales fédérations et unions concernant ces victimes et anciens combattants. Mais dresser un monument de cette nature peut ressembler au défi de Sisiphe roulant sans fin son rocher au sommet. Pourquoi un laps de temps si long pour l'ériger ? D'abord, avec la minutie de l'ancien huissier de justice qu'il fut, il s'est lancé dans un recensement inédit, celui de ces militaires héraultais tombés en AFN, qu'ils soient nés, inhumés, ou ayant résidé dans ce département. A ce jour, il en a dénombré 210 dans une soixantaine de communes, dont 137 natifs de l'Hérault.

« Ce fut un long travail de recherche des actes de naissance, avec le concours plus ou moins rapide des administrations concernées. » Puis, il a fallu choisir un site. C'est à Sète, sur la promenade de la Corniche, que sera érigé ce mémorial. « Nous avons choisi cette ville car elle est équidistante des limites de notre département, et sur un site hautement symbolique, face à la Méditerranée. C'est aussi par ce port que, pendant la guerre, beaucoup de matériels ont transité vers l'Afrique du Nord et que des corps ont été rapatriés. » Ce projet avait reçu l'aval de l'ancienne municipalité et de son maire, le communiste François Liberti. La promenade de la Corniche était alors propriété des Domaines maritimes.

La mairie avait mis à disposition de l'association un terrain de l'autre côté de la route. Mais les travaux d'aménagement de la Corniche ont gelé pendant cinq ans le choix d'un lieu précis. Ce gigantesque chantier achevé, la nouvelle équipe municipale de François Commeinhes a entériné le choix définitif du monument, avec l'aval du service départemental de l'architecture et du patrimoine et du préfet. Il sera érigé sur la Corniche, le terrain étant devenu entre temps municipal.

De conception contemporaine et sobre (lire ci-dessous), le mémorial émergera sur la promenade Maréchal Leclerc, à quelques dizaines de mètres du Théâtre de la Mer, dans le prolongement du parking actuel.

Au total, au fil des ans, Jacques Bousquet aura présenté, sur 7 lieux différents le long de la Corniche, 9 idées de monuments. Le projet retenu a la forme d'une étrave de navire, qui pourrait arriver à bon port au printemps.

Georges MATTIA

Source : Journal Le Midi Libre - Edition Région du dimanche 9 novembre 2009

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Quelques précisions complémentaires...

On dénombre à ce jour en France 71 Mémoriaux départementaux et un Mémorial régional (Corse)
81 communes de l'Hérault ont eu à déplorer la disparition d'un ou de plusieurs de leurs concitoyens au cours des conflits de 1952 à 1962.
Les effectifs de l'armée française, y compris les forces supplétives, se sont élevés en moyenne annuelle, de 1956 à 1962, à 600 000 hommes.
Le total des pertes militaires françaises, suivant pluiseurs bilans officiels publiés, s'établit à 28 OOO morts et disparus de 1952 à 1962.
Jacques BOUSQUET, né en 1933, sous officier, a servi au 94° R.I. dans les Aurès (Sud Constantinois) de Mai 1959 à Avril 1961.